Un premier ouvrage, "Traversière", recueille en des textes courts une poésie métaphysique tournée vers l’en-soi; le corps, le mouvement, et « les mots qui les retiennent » sont au cœur de cette longue période de gestation (1982-1995). Philippe Bécoulet accompagne alors le projet d’atelier des peintres dissidents du mouvement Saint-Soleil en Haïti. Il écrira peu par la suite, se consacrant aux projets collectifs de nombreux artisans, marchandes, associations de quartier et paysans. Il met fin à son activité professionnelle en 2015, et dans le texte intitulé "Regard rétrospectif sur un itinéraire associatif", il examine son parcours professionnel tout en analysant l’évolution des plates-formes d’organisations non gouvernementales (ONG) en Haïti. C’est aussi une façon d’exposer ce qu’ont été les relations de l’État haïtien et des acteurs de l’aide au développement ces vingt-cinq dernières années.
Depuis 2015, il écrit des ouvrages qui reprennent certaines thématiques de "Traversière". Dans les "Exercices d’étantité" (2016), il développe une expérience concrète « d’entrave dialectique » qui transporte l’ego dans une expérience de pensée angoissante, ludique, ou profonde. À cette occasion, l’abandon de soi est pour l’auteur un phénomène salutaire à la recomposition du moi. Dans "l'Intrusive métaphore" (2017), partant de la métaphorisation de la puissance du point par rapport au cercle chez Spinoza, il réaffirme la primauté du singulier sur l’universel. "L’atelier d’écriture" la même année est dédié à sept exercices d’étantité offrant l’aspect d’une fabrique artisanale de poésie ; en traitant aussi bien des inscriptions que des citations, il porte son attention sur le substrat des exercices et poursuit sa réflexion sur l’art de la parole. Dans "Le Moi défunt" (2020), le Livre des morts des anciens Égyptiens offre à l’auteur un substrat pour régénérer des concepts en perdition. Il établit une correspondance entre la traversée de l’Amenti ‒ ou du Bardo chez les Tibétains ‒ et le cycle de l’étrang(èr)eté propre à la reconfiguration du monde par le moi. Dans son dernier texte, "Peindre - Écrire - Dépeindre" (2021), il vampirise les textes d’une douzaine de peintres modernes pour de nouveau faire travailler sa coque conceptuelle et se maintenir à flot.